📰+⏱️ “Voir Calais et mourir” : la data au service d’une enquête au long cours

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Le challenge. Les statistiques ont cette mauvaise réputation d’être froides, voire inhumaines. Elles sont ainsi souvent mises de côté lorsque l’on aborde les grandes crises humanitaires. Or face à un drame qui se déroule sur plusieurs continents ou sur une période longue, dénombrer est indispensable pour donner l’ampleur de cette réalité. À WeDoData, nous avons en effet la conviction que “ce que l’on ne compte pas, ne compte pas”.

Les données. À ce jour, il n’existe aucun recensement officiel des exilé·e·s décédé·e·s en tentant de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France. Alors quand le journaliste Maël Galisson a débarqué dans nos bureaux avec une liste de 367 migrant·e·s décédé·e·s lors de leurs tentatives de traversée de la Manche et, pour chacun·e, la nationalité, l’âge, le sexe, le parcours migratoire, les circonstances du décès, parfois des photos…, on n’en a pas cru nos yeux. Ce spécialiste des histoires d’exils et de frontières réalise dans l’ombre, et depuis des années, un travail de titan à partir d’actes de décès, articles de presse, informations d’associations militantes…

Les informations visuelles. Ce drame silencieux allait pour la première fois être visualisé. Publiée dans le média “Les Jours”, la série “Les tués de Calais” débute avec cet état des lieux infographique. Notre responsabilité est grande : il faut trouver un ton graphique sobre et impactant.

Nous choisissons un dispositif en 3 formats :

📈 Des infographies très anglées sur les messages-clés et les évolutions de ces tentatives de traversées depuis 20 ans

🎥 Une cartographie en vidéo animée pour révéler l’évolution de la localisation des naufrages

🖥️ “Le Mémorial de Calais”, un outil interactif pour (re)trouver les noms et histoires de chacun·e de ces exilé·e·s décédé·e·s

La dataviz comme alliée face à l’actualité mouvante. Lors de la publication de cette série en 2023, Maël Galisson avait recensé 367 victimes. C’était il y a 18 mois et depuis les tentatives de traversées de la Manche se sont poursuivies et même accélérées, avec leurs drames.

”Le Mémorial” affiche, en ce mois d’octobre 2024, près de 450 exilé·e·s décédé·e·s. Totalement autonome sur la mise à jour de cet objet interactif, le journaliste poursuit donc ce travail “pour qu’à un endroit, et pour toujours, les noms et les histoires des migrant·e·s décédé·e·s à Calais ne soient pas perdus”.

Et encore. Merci à Maël Galisson car sans son travail d’utilité publique, l’ampleur de “ce carnage silencieux” ne serait pas visible. Et merci aux “Jours” et leurs obsessions qui offrent un journalisme indépendant et profond.

POUR ALLER ENCORE PLUS LOIN

• “Les tués de Calais”, la série des Jours pour comprendre le drame qui se joue depuis vingt-cinq ans sur les côtes françaises.
• L’interview de Maël Galisson sur l’impact de cette investigation au long cours.